Les réactions adverses aux aliments : classification

L'Académie Européenne de l’Allergie et de l’Immunologie Clinique (EAACI) a développé une classification des réactions adverses aux aliments, reconnue internationalement, pour uniformiser les terminologies prêtant à confusion :

Les réactions adverses ou défavorables aux aliments sont de deux types : toxiques et non toxiques.

a. Les réactions alimentaires toxiques : 

Elles atteignent toute personne qui ingère une quantité suffisante (seuil de non-toxicité dépassé) d’un aliment contenant une ou plusieurs substances potentiellement dangereuses lorsqu’elles sont absorbées. Ces substances peuvent être naturellement présentes dans la denrée alimentaire (cyanure, atropine, solanine, aflatoxines,…) ou être ajoutées dans celle-ci durant sa manipulation ou sa transformation (artisanale ou industrielle) (contaminants – bactéries, moisissures, métaux lourds, pesticides,… - additifs).
La toxicité alimentaire atteint principalement le système nerveux central (maux de tête, hallucinations, incohérence, convulsions), le foie et le sang.

b. Les réactions alimentaires non toxiques :

Ces réactions sont dues à une sensibilité individuelle à certains aliments, c’est-à-dire que seuls des sujets prédisposés seront touchés ! On distingue parmi celles-ci les réactions immunologiques (médiées par l’immunité) et les réactions non immunologiques (non médiées par l’immunité).

Les réactions immunologiques :

On utilise couramment le terme « allergie alimentaire » lorsque l’on parle des réactions médiées par l’immunité.
L’allergie alimentaire correspond le plus souvent à des manifestations cliniques provoquées par l’intervention des anticorps de classe Ig E (Immunoglobuline E) à la suite de l’ingestion d’un allergène alimentaire.

D’autres mécanismes ont été invoqués, impliquant l’intervention :

  • d’immunoglobulines autres que les Ig E,
  • de complexes immuns,
  • d’une immunité à médiation cellulaire dirigée contre les aliments.


Les réactions non immunologiques :

Celles-ci sont regroupées sous le terme « intolérances alimentaires » et sont de trois types :

  • enzymatiques,
  • pharmacologiques,
  • indéfinissables.


Remarque : il convient de mentionner l’aversion alimentaire non reprise dans la classification de l’EAACI étant donné que c’est une réaction psychosomatique ne dépendant pas réellement de l’aliment mais étant reliée à un trouble mental primaire. De plus, c’est une réaction non reproductible lorsque l’aliment incriminé est présenté sous une autre forme. En réalité, un grand nombre de personnes, s’imaginant être allergiques, appartiennent à cette catégorie, et continuent d’éviter l’aliment responsable de leurs troubles sans suivi diététique, ce qui peut parfois engendrer des conséquences nutritionnelles néfastes (carences alimentaires) !

En 2001, l’EAACI a publié une révision de la nomenclature dont voici les points essentiels : le mot  « hypersensibilité » doit être utilisé comme terme parapluie ; le mot « allergie » doit être réservé pour les réactions cliniques dans lesquelles un mécanisme immunologique est prouvé ou fortement impliqué. L’EAACI a également proposé que le terme « atopie » soit utilisé pour décrire une tendance familiale ou personnelle à développer des IgE spécifiques aux allergènes environnementaux, et à souffrir de symptômes allergiques typiques.

EN BREF :

Le mot « hypersensibilité » devrait être utilisé pour décrire les symptômes ou signes objectivement reproductibles, induits par l’exposition à un stimulus défini à une dose tolérée chez les individus normaux. Cette définition n’implique pas les réponses classiques aux infections, à l’auto-immunité ou aux réactions toxiques. Il est important d’insister sur le fait que les réactions d’hypersensibilité sont reproductibles dans le sens  qu’il existe des preuves raisonnables d’histoire, d’examen ou de recherche d’un lien entre les symptômes et les facteurs environnementaux pour lesquels les patients attribuent leurs symptômes. Dans ce contexte, « reproductible » ne signifie pas, par exemple, qu’un test de provocation alimentaire doit être positif à chaque fois. Bien plus, l’hypersensibilité doit être distinguée de l’hyperréactivité, qui est une réponse normale exagérée à un stimulus.

L’allergie est une réaction d’hypersensibilité induite par des mécanismes immunologiques spécifiques. Lorsque d’autres mécanismes sont impliqués (ex. hypersensibilité à l’aspirine), on parlera d’hypersensibilité non allergique. L’allergie peut être médiée par des anticorps ou des cellules. Chez la plupart des patients, les anticorps typiquement responsables d’une réaction allergique sont de type IgE et ces patients sont dits souffrir d’allergie médiée par IgE. Dans l’allergie non médiée par IgE, les anticorps peuvent être de type IgG. L’inhalation de grandes quantités de protéines comme dans les moisissures, la poussière… stimule le système immunitaire et produit des anticorps principalement de type IgG, IgA et IgM. Il existe une relation entre le degré d’exposition et la concentration en anticorps. Certaines personnes qui inhalent de grandes quantités de moisissures ont un taux d’IgG élevé. Attention, des taux élevés d’IgG spécifiques à un aliment ne sont pas forcément un signe d’allergie, ils indiquent seulement une exposition antérieure à l’aliment !!! L’EAACI propose que les allergies non médiées par les IgE  soient divisées en 2 groupes : celles qui sont médiées par des anticorps autres que les IgE et celles dont la réponse cellulaire est prédominante.

L’atopie est une tendance personnelle ou familiale, habituellement rencontrée durant l’enfance ou l’adolescence, à se sensibiliser, à produire des IgE en réponse à des expositions communes d’allergènes, habituellement des protéines, et à développer des symptômes typiques tels que l’asthme, la rhinoconjonctivite ou l’eczéma/dermatite. Le terme « atopie » ou « atopique » devrait être réservé pour décrire ces aspects cliniques et une prédisposition, et non pour décrire les maladies.

Pour plus de clarté, le dernier schéma reprend une partie de la classification européenne, à laquelle une dimension psychologique a été ajoutée.

 

 

 

   
© ciriha

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